Critique – La Cheffe, roman d’une cuisinière – Marie Ndiaye – Gallimard

Critique – La Cheffe, roman d’une cuisinière – Marie Ndiaye – Gallimard


La Cheffe est une autodidacte de la cuisine. Elle aurait pu exercer un autre métier avec ce même sens de la perfection. Car, ce qui caractérise la Cheffe, c’est le goût du travail bien fait et de la belle ouvrage. Elle serait presque une abstraction, une Idée tant son obsession pour l’excellence l’empêche d’éprouver des sentiments qui la détourneraient de sa tâche.

Pourtant, rien ne l’appelait à ce destin. Née dans une famille aimante d’origine très modeste qui brandit sa pauvreté comme un étendard, elle travaille dès l’âge de 16 ans pour les Clapeau, un couple de gourmets transporté par l’inventivité de sa cuisine.

Mais son goût pour l’indépendance, son souhait de toucher le plus grand nombre la motivent à ouvrir un petit restaurant. Le succès est tel qu’elle est obligée de l’agrandir.

Joli portrait d’une femme dont l’abnégation frise le sacrifice, « La Cheffe » est aussi le récit d’un amour déçu, celui du narrateur pour cette femme qu’il admire. Elle semble en effet si forte cette « mère » sauce bordelaise. Et pourtant, lorsque sa fille, dont elle n’a pas eu le temps de s’occuper, vient lui rendre visite, elle se transforme en un petit être effacé et docile qui tente de racheter l’absence. Et puis il y ces crises d’eczéma qui la dévorent, signes d’un mal-être et peut-être d’une vie pleine de manques et de privations.

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