Critique – Le parfum des cendres – Marie Mangez – Finitude

Critique – Le parfum des cendres – Marie Mangez – Finitude


Pourquoi Sylvain Bragonard (clin d’œil à la maison Fragonard de Grasse ?) a-t-il abandonné sa vocation de parfumeur de génie doté d’un odorat exceptionnel (on le surnommait alors le « Picasso du nez ») pour devenir thanatopracteur ?

Vous le découvrirez en compagnie d’Alice, une thésarde intéressée par cette étrange profession et intriguée par le comportement énigmatique de son objet d’étude.

De ce premier roman prometteur, j’ai aimé l’originalité du thème, qui n’est pas sans rappeler « Le parfum » de Süskind, même si Sylvain n’a rien d’un psychopathe, « et la manière dont l’autrice décrit un métier méconnu et magique qui tente de réussir la gageure de pérenniser l’aspect humain d’un mort ou, en quelque sorte, de rendre vivant un défunt en lui insufflant une forme de fausse éternité. Juste pour ses proches qui garderont de lui le souvenir de celui qu’il fut avant son décès.

Dans la manière dont il exerce son métier, Sylvain fait à la fois œuvre d’artiste, par sa capacité de création, et de philosophe, dans son rapport à la mort.

J’ai aussi apprécié le rythme du récit qui ménage le suspense et qui exalte les sens : odeurs, couleurs, sons…

Avec sa solitude, sa complexité, son passé dévoilé par bribes, ses obsessions, ses fêlures, ses silences, sa fascination pour la mort, le personnage masculin est bigrement attachant. Un autre personnage, essentiel car il est la clé de tout, va se dévoiler progressivement tout au long du roman.

En revanche, moins réussi est le portrait d’Alice, sorte de messie féminin toujours de bonne humeur et prêt à tous les sacrifices pour sauver le taciturne embaumeur. Quitte à tomber dans une sentimentalité un peu niaise.

Quant au style, il est un peu déroutant. Presque lyrique quand il évoque les rapports de Sylvain avec ses « clients », il vire trop souvent à la trivialité dans la restitution des dialogues, parfois trop convenus, et des pensées de l’étudiante.

EXTRAIT

C’est aux rituels d’embaumement que le parfum devait sa maternité. Les hommes avaient commencé par parfumer leurs morts, avant d’embaumer les vivants.

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