Critique – Mobylette – Frédéric Ploussard – Héloïse d’Ormesson

Critique – Mobylette – Frédéric Ploussard – Héloïse d’Ormesson


C’est dans l’ex-Texas lorrain que se déroule l’histoire déjantée narrée par Frédéric Ploussard, ancien éducateur spécialisé qui a dû instiller beaucoup de lui dans son premier roman.

Dominique, le personnage principal dont il est question vit avec son épouse et son tout jeune fils. Le couple bat de l’aile pour une raison que je préfère taire.

Educateur spécialisé oeuvrant au foyer de La Dent du Diable, il considère son métier comme un sacerdoce, une mission pour tenter de soulager les peurs des gamins fracassés auxquels il est très attaché.

Avec une préférence pour la paire infernale que forment les sœurs Mélanie et Cindy, orpheline de mère et prostituée par leur père mais qui ont des ressources insoupçonnées pour emmerder le monde.

Entre le récit rocambolesque des tentatives du « héros » pour reconquérir sa femme et « sauver » les donzelles évoquées ci-dessus et le portrait d’une jeunesse malheureuse auprès de parents timbrés, peu affectueux et fusionnels dans la bêtise et la méchanceté, Frédéric Ploussard, nouvelle voix originale de la littérature, nous offre un plaisir de lecture de plus de 400 pages.

Mené tambour battant dans une langue décapante ponctuée de formules qui font mouche, « Mobylette » se situe entre « La conjuration des imbéciles » de John Kennedy Toole pour son humour noir et sa folie (sauf que le héros de l’Américain est éléphantesque alors que celui du primo-romancier est un géant dégingandé de plus de deux mètres !) et « Leurs enfants après eux » de Nicolas Mathieu pour sa peinture d’une société aveugle à tous ceux qui ne sont pas dans la norme.

Bien que l’on rie beaucoup, ce roman ne manque en effet pas de fond en pointant du doigt le poids de l’enfance dans les parcours de vie. Pour un gamin mal-aimé, veiller sur les gosses exclus n’est-il pas inconsciemment une tentative de tourner la page ? Comme il le fait en passant des heures à nager pour laver son enfance souillée.

Enfin, au lieu d’être la politesse du désespoir, l’humour ne serait-il pas plutôt le seul moyen de sublimer, en l’allégeant, la souffrance humaine ?

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