Le déclin de l’Empire Whiting – Richard Russo – Quai Voltaire

Le déclin de l’Empire Whiting – Richard Russo – Quai Voltaire


Dans la dynastie Whiting, les femmes sont des viragos assumées qui terrorisent leurs maris qui ne pensent qu’à les occire comme le grand-père de Charles Beaumont (C. B.) Whiting, l’héritier malgré lui du groupe textile, qui tenta de tuer son épouse à coups de pelles…

Dans « Le déclin de l’Empire Whiting », Prix Pulitzer 2002, Richard Russo, construit une histoire dont la chronologie est décalée : en italique, les retours dans le passé qui expliquent la situation actuelle ; en police romaine, le présent.

Miles Roby est le gérant d’un grill d’Empire Falls (sic), une petite ville du Maine qui a connu la prospérité grâce à son industrie. L’opulence n’est plus qu’un lointain souvenir. Il ne reste de cet âge d’or que la terrible Francine Whiting, veuve de C.B ., qui manipule le pauvre Miles en lui faisant miroiter de lui céder le restaurant. Miles se considère comme un raté. Au lieu de poursuivre ses études, il a dû travailler, sa mère, malade, ne pouvant plus les financer. Pour lui, c’est une forme de trahison. Pour se racheter, « l’individu le plus gentil et le plus triste de tout Empire Falls » essaie, comme sa génitrice tant aimée l’a fait avant lui, de faire le bien autour de lui. Une attitude qu’il tente de transmettre à son ado de fille qui prend sans enthousiasme sous son aile un certain John Voss, un gamin psychopathe…

Miles a bien du courage car il n’est vraiment pas servi par son entourage. Janine, sa femme stupide, qu’il n’a jamais aimée (il est secrètement amoureux de Charlène, sa serveuse), l’a quitté pour un patron de club de gym. Elle découvre enfin l’orgasme. A 40 ans, il était temps ! Max, son père, « coupe-faim sur deux pattes » est tellement égocentrique et cynique qu’on le trouve attachant.

Avec ses dialogues et ses personnages épatants, Richard Russo fait le portrait plein d’humanité et de lucidité d’une communauté en perte de vitesse qui a perdu ses illusions. Il ne se passe pas grand chose dans « Le déclin de l’Empire Whiting ». Tout passe par l’analyse psychologique des protagonistes et des sentiments. L’auteur a l’art de saisir les individus ordinaires dans leur vie quotidienne et d’en faire des moments de grâce. Du grand art !

EXTRAITS

  • Les hommes de la famille Whiting, tous nés apparemment avec un solide sens des affaires, avaient invariablement gravité, comme des papillons vers la lumière, vers la seule et unique femme au monde qui épouserait avec eux la noble mission de leur pourrir la vie.
  • Pourquoi le monde était-il tombé dans les mains de vieilles femmes folles de pouvoir ?
  • Après tout, le monde entier était-il autre chose que l’endroit où les gens brûlent de répondre aux souhaits impossibles, où leurs désirs se terrent au défi de toute logique, de toute vraisemblance, même du passage du temps, aussi éternels qu’un marbre poli ?
  • Si Janine avait eu un cerveau, elle aurait pu comprendre pourquoi il aimait tant faire l’amour avec elle. Parce que ça ne lui coûtait rien.

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