Critique – Le Fils du père – Victor Del Arbol – Actes Sud

Critique – Le Fils du père – Victor Del Arbol – Actes Sud


Depuis « La Tristesse du samouraï » (2012) qui l’a fait connaître en France, Victor Del Arbol n’a eu de cesse de sonder l’histoire de son pays et les violences qui la constituent, qu’elles soient politiques, sociales ou familiales.

Dans « Le Fils du père », certainement son meilleur roman, il s’est surpassé dans la noirceur.

Après l’incendie en septembre 2011 d’une unité d’évaluation et de soins psychiatriques sont retrouvées les notes d’un certain Diego Martin qui y a été interné pour avoir assassiné l’infirmier en charge de Liria, sa sœur adorée.

Dans ce manuscrit il consigne le récit de sa famille en soulignant la malédiction qui pèse sur sa composante mâle tout juste capable de semer le malheur, de briser ce qui l’entoure et de s’autodétruire.

Pourtant Diego, dernier représentant de ces trois générations délétères, pense qu’il est différent de ceux qui l’ont devancé parce qu’il les a fuis et qu’il est devenu un professeur d’université respectable. Mais le passé vous rattrape toujours avec le poids des haines ancestrales et la transmission ne s’arrête jamais, comme une fatalité.

Malgré la désolation qu’ils répandent, on ne parvient pas à détester ces hommes. Victor Del Arbol fait d’eux un portrait en clair-obscur où le mal cohabite avec le bien et où l’amour se transforme en violence parce qu’il est indicible pour des machos de leur espèce incapables de dévoiler leurs blessures honteuses et tues.

Et ce tableau tout en nuances, nourri d’événements historiques tragiques (guerre civile, Seconde Guerre mondiale…) et de discriminations sociales, c’est une voix extérieure à celle de Diego qui nous le révèle en s’interrogeant sur la frontière parfois ténue entre la vérité et l’illusion, entre la réalité et les faux-semblants.

Avec son écriture précise, fulgurante et puissante, « Le fils du père » est un roman ambitieux et tortueux qui s’empare du lecteur pour ne plus le lâcher.

EXTRAITS

  • Son talent, c’était la démolition.
  • Il était un malheureux de vocation.
  • Tu te bats parce que tu ne sais pas être en paix.
  • Les gens vivent autant qu’ils peuvent et comme ils peuvent. Peu le font comme ils veulent.

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