Critique – 4 3 2 1 – Paul Auster – Actes Sud
« Ce livre est un éléphant, mais un éléphant qui court un sprint » dit Paul Auster de son dernier opus (le précédent, « Sunset Park » a été édité en 2011). Un éléphant en référence aux mille pages que compte le livre et un sprint pour la vélocité tourbillonnante avec laquelle le récit se déroule.
« 4 3 2 1 » nous offre quatre histoires dans un seul volume, quatre variations sur Archie Ferguson dont les débuts dans la vie se ressemblent.
Notre héros naît en 1947 à Newark. Sa mère Rose est photographe et son père est propriétaire d’un magasin d’électroménager.
Peu à peu, les existences des quatre garçons vont diverger en fonction des hasards, des accidents, des événements, des rencontres mais aussi des choix et des choses que l’entourage impose. Mais les thèmes et les passions de l’enfance, de l’adolescence et de l’entrée dans l’âge adulte sont universels : les relations avec la famille, les transformations du corps, l’éveil à la sensualité, l’amitié, le sexe, l’amour, le cinéma, la littérature, la musique, le sport, l’engagement politique, l’avenir… Alors que l’histoire américaine est toujours en ébullition avec l’assassinat de Kennedy puis, presque cinq ans plus tard, de Martin Luther King, la guerre du Vietnam, la lutte des Noirs pour l’égalité, les mouvements estudiantins, la contre-culture…, « number one » part étudier à Colombia, « number four » à Princeton. Tous sont attirés par l’écriture. Journalistique pour le un, littéraire pour le quatre qui arrive à Paris comme le fit Paul Auster autrefois. Tiens tiens… Le « créateur » de l’excellent « Seul dans le noir » n’aurait-il pas eu envie de renouer avec son adolescence pour mieux se prouver qu’il n’a pas abandonné ses idéaux de jeunesse ?
Les autres personnages, récurrents ou pas, évoluent en même temps que Ferguson. Amy Schneiderman, fil rouge et double féminin du protagoniste principal, est successivement (?) la petite amie du numéro 1, la cousine du 2 et la belle-sœur du 4…
Cette construction vertigineuse dans laquelle on se perd pour mieux se retrouver (et si on ne s’y retrouve pas cela n’est pas très grave car on se laisser porte pas les audaces de Paul Auster) est originale. Au-delà de cette singularité, l’auteur de la « Trilogie new-yorkaise » s’attache à souligner le caractère fortuit de nos vies.
Livre total, roman d’apprentissage puissance 4 qui rappelle combien la jeunesse est la champ de tous les possibles, « 4 3 2 1 » nous raconte « tout simplement » comment on invente les histoires et comment la réalité et l’imagination se télescopent pour mieux se confondre. Vertigineux vous dis-je !
EXTRAITS
- Tout est parfaitement solide pendant un temps puis un matin le soleil se lève et le monde se met à fondre.
- L’adolescence se nourrit de drames, elle est plus heureuse quand elle est vécue in extremis…
- J’aime quand on est comme ça, Archie. Rien que tous les deux sur notre île et que dehors les vagues de la ville s’écrasent autour de nous.
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