Critique – A rude épreuve – La saga des Cazalet II – Elizabeth Jane Howard – La Table ronde

Critique – A rude épreuve – La saga des Cazalet II – Elizabeth Jane Howard – La Table ronde


Dans le premier volume de « La saga des Cazalet », nous avions quitté les protagonistes au moment des accords de Munich en septembre 1938 avec l’espoir que la paix soit préservée.

Le récit du deuxième opus commence un an plus tard. Après l’invasion de la Pologne, la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l’Allemagne nazie.

Dans leur propriété du Sussex, les Cazalet sont prêts à affronter les attaques de l’ennemi. Le Brig a même construit un abri antiarérien pour protéger sa nombreuse famille.

Ceux qui vivent à Home Place vont échapper aux bombardements mais seront atteints dans leur quotidien par le conflit qui les obligera à se serrer la ceinture et à voir leurs ambitions contrariées. La guerre, ils la vivront aussi indirectement avec la disparition de Rupert, le benjamin du Brig et de la Duche.

Dans « A rude épreuve », Elizabeth Jane Howard concentre son intrigue sur les aînées des trois fils devenus de grandes adolescentes : Polly, la fille de Hugh, qui se désespère de n’avoir aucun talent ni aucun projet d’avenir ; Louise, la fille d’Edward, qui rêve d’être actrice et découvre des idées et des comportements étrangers à son milieu bourgeois ; Clary, la fille de Rupert, qui se lance dans l’écriture pour croquer ses proches et, peut-être, pour exorciser l’absence de son père. Toutes les trois commencent à s’intéresser à la gent masculine.

Les descendants mâles et les plus jeunes ne sont pas oubliés par la pénétrante auteure qui fait la part belle à Christopher, pacifiste dans un milieu où Churchill, le « vieux lion » qui défie Hitler, est vénéré. Il y a aussi Neville, le frère de Clary, tellement cruel qu’on viendrait à penser qu’il est un psychopathe en devenir.

Quant aux adultes, ils tentent de sauver la face tout en cachant, pour certains, leurs secrets avouables ou inavouables … Les femmes abandonnent leur triste statut de mères au foyer pour s’engager auprès des personnes évacuées de Londres et des blessés de guerre. Ces nouvelles occupations seront-elles les prémices de leur libération d’un monde si misogyne ?

Dans une écriture classique et raffinée, qui ne néglige pourtant pas les descriptions plus prosaïques, Elizabeth Jane Howard mêle, dans cette fresque subtile d’une famille formant une communauté soudée face à l’adversité, l’angoisse et l’insouciance, l’intime et l’universel, l’intériorité et la grande histoire.

De la belle ouvrage romanesque dont on attend avec impatience le troisième tome, sur les cinq que compte la saga, à paraître en mars prochain. Son titre : « Confusion ».

EXTRAIT

– Etre amoureux, ça signifiait peut-être simplement aimer assez quelqu’un pour supporter ce qu’il nous faisait.

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