Critique – Les dynamiteurs – Benjamin Whitmer – Gallmeister

Critique – Les dynamiteurs – Benjamin Whitmer – Gallmeister


Après le magnifique « Evasion », petit bijou de roman noir et l’une de mes lectures préférées de l’année 2018, je me réjouissais de me plonger dans le dernier opus de Benjamin Whitmer, « Les dynamiteurs » dont l’intrigue se déroule à Denver.

En cette toute fin de XIXème siècle, la capitale du Colorado palpite de corruption.

Davis Hanson Waite, fraîchement élu gouverneur de l’Etat, entend bien nettoyer le ville du vice. « Mais extirper le vice de Denver, c’était comme essayer de déloger la lune du ciel » souligne l’auteur. C’est peu de le dire…

Sam, le narrateur de 14 ans, nous raconte son invraisemblable histoire. Il épaule Cora, dont il est fou amoureux, à protéger des orphelins du monde des Crânes de Noeud à savoir des adultes corrompus par essence. Les enfants vivent dans une usine désaffectée. Ils souffrent de malnutrition et du froid et sont régulièrement attaqués par des clochards qui rêvent de les chasser de leur abri de fortune. C’est à l’occasion d’une énième attaque qu’apparaît Goodnight qui chasse les assaillants.

Goodnight tient plus du monstre que de l’homme. Gigantesque, son visage et son corps sont coupés en deux, une moitié étant scarifiée, boursouflée, défoncée. Et, en plus, il est muet.

C’est par son entremise que Sam rencontre Cole, le roi des magouilles en tous genres, dont Goodnight est l’homme à tout faire. Cole propose à Sam de travailler pour lui avec pour mission de lire les messages que le géant griffonne sur des bouts de papier pour communiquer avec son patron analphabète. Malgré l’opposition de Cora, Sam accepte en raison du salaire promis qui permettra de nourrir les orphelins. En plus de son job de traducteur qui n’est qu’un prétexte, il va être embarqué dans d’innombrables malversations et être confronté à la brutalité la plus extrême. Le gouverneur Waite a en effet mandaté des « Pinkerton », détectives aux méthodes borderline, pour infiltrer les gangs et faire régner l’ordre. La chasse à l’homme peut commencer…

A la manière d’un conte initiatique, « Les dynamiteurs » est le récit de la perte de l’innocence et de l’enfance souillée par le monde impur et hypocrite des adultes. Le personnage de Goodnight, avec son physique janusien, est l’incarnation du bien et du mal qui cohabitent au sein de l’humanité.

Entre crudité et lyrisme, Benjamin Whitmer fait le portrait d’une Amérique qui s’est construite sur la violence et la loi du plus fort qui lamine les plus fragiles. Certaines scènes, parfois gratuites et dans la surenchère, sont insoutenables. Et je ne suis pourtant pas bégueule… Par rapport à la révélation que fut « Evasion », j’ai été un peu déçue par ce roman désespéré.

EXTRAITS

  • Ce monde est un monde de têtes coupées, et il n’y a pas beaucoup de place pour les balades dans les putains de champs de jonquilles.
  • On n’était pas comme ça, avant.

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