Critique – Sublime Royaume – Yaa Gyasi – Calmann-Lévy

Critique – Sublime Royaume – Yaa Gyasi – Calmann-Lévy


Gifty est une brillante étudiante en neurologie à l’université de Stanford en Californie. Le roman commence lorsqu’elle accepte d’accueillir sa mère de nouveau victime d’une profonde dépression qui la plonge dans le silence et la prostration.

L’arrivée de cette femme presque sexagénaire va faire remonter les souvenirs d’enfance qui expliquent l’adulte qu’elle est devenue.

Gifty est née en Alabama de parents originaires du Ghana. Son aîné surnommé Nana est né en Afrique.

Marquée très jeune par la ferveur religieuse de sa génitrice, elle prie, étudie la Bible et tient un journal où elle s’adresse à Dieu en dénonçant le comportement du Mamba Noir, sobriquet qu’elle attribue à son aïeule, qui lui préfère son frère. Même après que ce dernier fut devenu un drogué incapable de décrocher de son addiction.

Entre la mère et la fille, c’est l’incompréhension, une incompréhension qui grandit avec la mort de Nana d’une overdose d’héroïne. A la suite de cet événement précédé du retour au pays du père, la mère et la fille se retrouvent seules dans un face-à-face éprouvant.

Devenue adulte, Gifty se passionne pour la science.

Pour racheter la disparition de son frère qui déclencha chez elle une honte coupable (c’est mon interprétation personnelle), elle étudie le comportement de souris pour savoir si elles sont capables de résister à l’obtention d’une récompense en sachant qu’elle encourent un risque. Elle aboutit à une conclusion : grâce à l’optogénétique, il est possible de supprimer la recherche de la récompense. Une révélation qui résoudrait la question de la dépendance !

Contrairement à « No home », le premier roman de Yaa Gyasi que j’ai bien aimé, le racisme, à la fois cause et conséquence de l’esclavage, n’est pas au cœur de « Sublime Royaume ». Même s’il apparaît en arrière-plan notamment lorsque l’auteure décrit l’hypocrisie de la communauté religieuse, à laquelle Gifty appartient, qui prône l’amour tout en méprisant ceux qui n’ont pas la même couleur de peau.

« Sublime Royaume », histoire trop prolixe à mon goût et dans laquelle j’ai eu du mal à rentrer avant de me glisser finalement dans les pensées de Gifty, c’est, avant tout, le récit de la relation d’une mère et de sa fille marquée par la pudeur des sentiments, du rapport évolutif à la religion d’une jeune femme trop sage et énigmatique qui s’interroge sur son identité et qui se demande qui elle est et à quoi sert ce travail scientifique auquel elle consacre tant de temps. Trois réponses sont possibles : « parce que Dieu en a décidé ainsi », « je l’ignore » ou « à rien ». On pourrait ajouter : pour donner un sens à la vie.

EXTRAITS

  • Pourra-t-elle pousser un frère à renoncer à l’aiguille dans sa veine ? Pourra-t-elle pousser une mère à sortir de son lit ?
  • Comme ma mère, j’avais une boîte fermée à clé où je conservais toutes mes larmes.

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