Critique – Marina Bellezza – Silvia Avallone

Critique – Marina Bellezza – Silvia Avallone


2012. Nord de l’Italie. Les montagnes alpines se dressent, sauvages, puissantes. Au fond, dans la vallée éclairée par les lumières vulgaires des chaînes de restauration mondialisées, vit une population de laissés pour compte, victimes de la crise qui secoue le pays.

Marina, le pendant d’Anna et Francesca, les héroïnes de « D’acier », le premier roman de Silvia Avallone, veut s’en sortir. Pour atteindre son objectif, elle dispose de deux atouts : une très jolie voix et un physique à se damner. Andrea a lui aussi un rêve. Malgré des études en philosophie qu’il abandonne pour se spécialiser en agronomie, il veut reprendre la ferme de son grand-père, élever des vaches et fabriquer du fromage.

Même si leurs idéaux divergent – la célébrité pour l’une, le retour aux racines pour l’autre – ces deux-là ont beaucoup en commun. La capricieuse et égoïste Marina souffre d’un double manque : celui d’une mère qui sombre dans l’alcool après avoir poignardé, sans gravité, son mari ; celui d’un père, frimeur et joueur. Ils ne sont jamais là pour suivre leur fille dans son ascension fulgurante. Andrea subit le désamour familial et l’intérêt que ses parents portent à son aîné d’un an. Marina et Andrea, c’est une vieille histoire. Elle avait 13 ans et lui 18 lorsqu’ils vécurent une histoire d’amour. Après trois ans de séparation, les anciens amants se retrouvent, se déchirent, se retrouvent de nouveau… Jusqu’à la chute.

A la fois roman social et d’amour, servi par une écriture magnifique à la fois triviale et poétique, « Marina Bellezza » est un conte tragique triste et désespéré qui ne donne aucun espoir d’avenir à ses enfants bercés par les illusions d’un possible échappatoire.

EXTRAITS

  • « C’est facile de devenir célèbre, trop facile. Mais surtout, ça ne changeait rien. » (p. 443).
  • « Ce n’est pas vrai que ce qui compte, c’est où on arrive. Ce qui compte, c’est d’où on vient. » (p. 444).

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