Critique – A la mesure de l’univers – Jon Kalman Stefansson – Gallimard

Critique – A la mesure de l’univers – Jon Kalman Stefansson – Gallimard


Petite recommandation : avant d’entamer la lecture du second volume du diptyque de Jon Kalman Stefansson, il est conseillé de lire « D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds ». Les allers et retours entre les époques et les lieux ainsi que l’orthographe complexe des noms des personnages nous obligent à rester bien éveillés mais le plaisir de la lecture est tel que l’effort de concentration s’avère payant.

Ari, venu du Danemark pour rendre visite à son père mourant est plus que jamais présent dans « A la mesure de l’univers ». Métaphores du « combat » entre la poésie qui vous soutient spirituellement et la pêche qui va sortir la nation de la pauvreté, les personnages sont admirables dans leur dureté, leur violence mais aussi leur sensibilité. Ils s’aiment mais ne se comprennent pas toujours comme Ari et Jakob. Les figures de femmes – Margret et la mère d’Ari – sont magnifiques dans leur aspiration à la liberté.

Roman d’ambiance, à l’écriture visuelle et lyrique, le dernier opus de Stefansson nous propose, à la manière impressionniste, des bribes de vie rythmées par des textes de chansons d’amour qui sont comme des petites madeleines.

De loin en loin, les retombées de la politique internationale ne font qu’effleurer la petite île volcanique jalouse de son indépendance et de sa singularité.

Superbe !

EXTRAITS

  • Les poèmes sont bien utiles, ils peuvent vous servir de couverture quand le froid enserre le monde, ils peuvent être des grottes à l’écart du temps, des grottes dont les parois sont ornées d’étranges symboles, mais ils sont une piètre consolation quand vos os sont éreintés, quand la vie vous a éconduit ou quand, le soir, votre tasse de café est la seule chose qui vous réchauffe les mains.
  • A quoi servent les poètes s’ils ne sont pas capables de nous aider à vivre ?
  • La distance qui sépare l’amour du bonheur est identique à celle qui le sépare du malheur.
  • Laïka, une chienne errante de trois ans, est à bord d’une des fusées. Elle grogne et aboie, effrayée par les étoiles, solitaire, si loin de la vie, au service de la science.
  • Si nous sommes incapables de parler, le silence que la mort laisse dans son sillage devient, avec le temps, plus vaste et plus pesant que la vie elle-même.

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