Critique – Les loyautés – Delphine de Vigan – JC Lattès

Critique – Les loyautés – Delphine de Vigan – JC Lattès


Delphine de Vigan excelle dans la peinture de l’intime. Elle le prouve une nouvelle fois avec ce court et délicat roman choral.

Théo a 12 ans. Comme la plupart des enfants de son âge, il a vécu le divorce de ses parents et est en garde alternée. Une semaine chez l’un, une semaine chez l’autre. Même si c’est le lot commun de beaucoup de ses semblables, ce mode de fonctionnement peut être déstabilisant pour un enfant. D’autant plus que la mère déverse devant son fils sa haine contre son ex-mari et que celui-ci n’est plus qu’une épave plongée dans la dépression. Il a perdu son travail, reste toute la journée couché, abruti par les médicaments. Pour fuir cette situation, il plonge dans l’alcool dont l’effet l’anesthésie et entraîne dans cette chute son ami Mathis.

Hélène, sa prof de SVT, qui a été maltraitée et violée dans son enfance, pense que Théo est victime de violences physiques. Elle alerte sa hiérarchie mais rien ne bouge. Elle s’entête allant même jusqu’à harceler la mère de l’adolescent.

Un roman résolument moderne qui s’interroge sur l’enfance moralement maltraitée par des parents qui font supporter leurs souffrances et leurs échecs à leur progéniture. C’est aussi une réflexion sur les désillusions de l’amour et sur la faillite du couple que Cécile, la mère de Mathis, raconte si bien. Enfin, il dénonce les réseaux sociaux qui, sous couvert d’anonymat, permet aux lâches de cracher leur ressentiment et de dévoiler peut-être leur véritable personnalité alors que leur apparence sociale n’est fondée que sur des faux-semblants et des secrets. Un peu effrayant non ?

EXTRAIT

Les loyautés. Ce sont des liens invisibles qui nous attachent aux autres – aux morts comme aux vivants -, ce sont des promesses que nous avons murmurées et dont nous ignorons l’écho, des fidélités silencieuses, ce sont des contrats passés le plus souvent avec nous-mêmes, des mots d’ordre admis sans les avoir entendus, des dettes que nous abritons dans les replis de nos mémoires.

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