Critique – La prière des oiseaux – Chigozie Obioma – Buchet-Chastel –

Critique – La prière des oiseaux – Chigozie Obioma – Buchet-Chastel –


C’est en référence à la cosmologie igbo, ethnie nigériane, que Chigozie Obioma, finaliste du Man Booker Prize 2019, a construit son second roman.

Pour raconter l’odyssée dramatique de Chinonso, l’auteur donne la parole au chi du jeune homme. Dans la religion des Igbos, l’Odinani, le chi est une espèce d’esprit protecteur que chaque individu reçoit à sa naissance.

Un matin bruineux, Chinonso se rend au marché voisin pour acheter quelques gallinacés. Depuis, qu’enfant, il a adopté un bébé oie, il se passionne pour les oiseaux. A tel point qu’il en a fait son métier. A son retour, l’éleveur de volailles va croiser une jeune femme qui tente d’enjamber le parapet d’un pont. Il la dissuade de commettre l’irréparable. Le taiseux solitaire, orphelin de père depuis peu et qui a perdu sa mère alors qu’il n’avait que 9 ans, retourne chez lui. Mais le souvenir de la femme suicidaire le poursuit comme une obsession. Jusqu’au jour où Ndali réapparaît dans sa jolie voiture bleue. Rapidement les deux tourtereaux, fous amoureux, envisagent de se marier mais les différences sociales vont se dresser contre leur projet. Etudiante en pharmacie, Ndali est en effet la fille d’un chef de tribu. Sous le regard dédaigneux de sa famille, le garçon prend conscience de son statut de pauvre fermier condamné à le rester. « Un pauvre est un pauvre » murmure Ndali à son amant.

Méprisé par la famille de sa compagne, Chinonso décide de reprendre ses études. Parrainé par un « ami » d’enfance, il part à Chypre pour suivre une formation à l’université. Pour financer ce périple, il a tout sacrifié : sa maison et ses chères poules. Ce sera le début de sa descente aux enfers et l’émergence chez cette « belle personne » d’une violence que la brutalité du monde extérieur et le regard de l’autre vont exacerber. Comme Ulysse, Chinonso aura rencontré l’adversité mais, au retour, la déception sera grande.

Si j’avais bien aimé « Les pêcheurs », premier roman de Chigozie Obioma, « La prière des oiseaux » m’a moins emballée.

Les « plus » : l’écriture puissante et poétique, le part pris narratif de donner la parole à un chi, la description du Nigeria et plus particulièrement du peuple igbo et de ses croyances, le tableau des grandes inégalités sociales qui ruinent tout espoir de sortir de sa condition, le portrait d’une jeunesse qui délaisse la sagesse des « grands anciens » pour céder aux modes de vie des Blancs.

Les « moins » : on a envie de secouer le pauvre Chinonso qui, dans sa grande naïveté, fait toujours les mauvais choix et les mauvaises rencontres. Du coup, on ne ressent pas vraiment d’empathie pour lui. Enfin, que de longueurs !

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