Critique – La promesse – Damon Galgut – L’Olivier
Alors que la famille devrait, dans l’idéal, être un cocon d’amour et de protection, celle des Swart est un assemblage hétéroclite d’individualités pleines de rancœurs. Seule l’étrange Amor échappe à cette catégorie.
Nous sommes en 1986 non loin de Pretoria. Rachel, la mère encore jeune, meurt des suites d’une longue maladie. Elle est enterrée selon la tradition juive. Au grand désespoir de son mari, adepte de l’Église réformée néerlandaise
Amor, la cadette de la famille, est extraite de son pensionnat par son horrible tante, sœur de son père et bigote forcenée.
Avant sa mort, Rachel a fait promettre à son époux de donner à Salome, l’employée noire des Swart, la maison qu’elle habite.
Amor a assisté à cette ultime conversation et le non-respect de ce serment va constituer le fil rouge de ce récit qui court sur trois décennies.
Et c’est elle, de retour sur les terres familiales à l’occasion d’événements tragiques, qui rappellera inlassablement, comme un mantra, la trahison originelle, trahison elle-même source de la malédiction qui pèse sur les Swart.
Avec un ton original et un humour noir féroce et parfois très cru, Delmon Galgut a composé une fresque saisissante sur son pays rongé par la violence à la fois familiale, politique et sociale où la religion offre un certificat de respectabilité à des individus dont la vie est peu conforme aux principes de vertu qu’ils revendiquent et pour lesquels l’abolition de l’apartheid en 1991 va menacer les privilèges accumulés sur le dos des plus faibles en toute impunité.
EXTRAITS
-
Ils ne me voyaient pas, j’étais comme une Noire, pour eux.
-
Vous pensez que le péché d’adultère est pire, mon père, quand il est commis avec un Noir ?
-
Le problème de ce pays, […] c’est que certaines personnes refusent de tirer un trait sur le passé.
-
Le temps passe différemment chez les exclus du monde.
-
Le taux de fornication a grimpé de façon spectaculaire dans tout le pays le soir de la démission de Zuma.
Vous devez être connecté(e) pour rédiger un commentaire.
+ There are no comments
Add yours