Critique – Héritage – Miguel Bonnefoy – Rivages

Critique – Héritage – Miguel Bonnefoy – Rivages


Amateurs de réalisme magique dans la lignée d’un Gabriel Garcia Marquez, le dernier roman de Miguel Bonnefoy devrait vous plaire.

C’est pourtant d’un pays qui a inventé le rationalisme que tout commence.

Chassé par le phylloxéra qui a anéanti ses vignes, l’homme qui inaugure le récit quitte la France et, alors qu’il devait débarquer en Californie, il échoue, atteint de fièvre typhoïde, à Santiago du Chili. Promptement rétabli, il devient un viticulteur prospère et épouse une jeune femme d’origine bordelaise. De leur union naquirent trois garçons qui, « plus français que les Français » s’engagèrent pour combattre les Allemands lors du premier conflit mondial. Seul Lazare, l’aîné, auquel la France manquait alors qu’il ne la connaissait pas, revint. Hanté par les horreurs des combats qui le rendent malade, il est soigné par un machi, un guérisseur qui se moque de la médecine. Pour se refaire une santé, il part à la campagne où fait la connaissance de Thérèse, une amoureuse des oiseaux elle aussi d’origine française. Margot, future pionnière de l’aviation, fut le fruit de cette rencontre. Comme son père, elle s’engage auprès des Alliés pendant la deuxième guerre mondiale. Devenue adulte, après une nuit passée avec un soldat fantôme, elle enfanta Ilario Da qui deviendra un soutien de Salvador Allende et sera persécuté par les sbires de Pinochet.

A la lecture de ce roman trépidant aux allures de conte qui couvre un siècle, on ressent les multiples influences qui ont imprégné l’auteur né à Paris d’une mère vénézuélienne et d’un père chilien. Le résultat est un texte métissé empreint des cultures française et sud-américaine. A l’instar de cette lignée des Lonsonier, inspirée de la sienne, qui s’est adaptée à son pays d’accueil tout en gardant un œil sur l’hexagone.

En retraçant le parcours de cette famille, Miguel Bonnefoy éclaire le destin des exilés et propose une manière de penser l’altérité en acceptant que les déracinés aient le droit de conserver une part de leurs traditions.

« Héritage » est aussi un roman sur la liberté de choisir sa vie. Malgré les aléas de l’histoire qui peuvent vous broyer.

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