Critique – Retour à Martha’s Vineyard – Richard Russo – La Table Ronde

Critique – Retour à Martha’s Vineyard – Richard Russo – La Table Ronde


Plus de quarante ans après le début de leur amitié nouée pendant leurs années universitaires, Lincoln, Teddy et Mickey se retrouvent le temps d’un week-end sur la très chic île de Martha’s Vineyard où le premier possède une maison.

Un fantôme hante ce séjour, celui de Jacy, une jeune femme dont tous les trois étaient amoureux. C’est lors d’un séjour sur l’île en 1971 qu’elle disparaît alors qu’elle s’apprêtait à se marier avec un garçon de bonne famille qu’elle n’aimait pas. Qu’est-elle devenue s’interrogent les compères ?

Richard Russo sait, comme personne, s’emparer de personnages ordinaires et les amener à porter des messages universels à tous ceux qui s’intéressent au sens de la vie et qui se posent des questions aussi essentielles que : qui sommes-nous ; connaissons-nous vraiment nos proches qui se cachent sous les apparences ; quel est le poids de la famille et de l’enfance sur le déroulé de nos existences ; la mort se rapprochant, avons-nous perdu nos illusions ; le mensonge est-il préférable à la vérité si il vise à ménager ceux qu’on aime ; sommes-nous libres de choisir notre passage sur cette terre ou sommes-nous prédestinés ?

Cette plongée mélancolique et douce-amère dans l’intimité des protagonistes n’occulte pas le contexte politique et social des époques dans lesquelles il évolue : les seventies et la supposée insouciance de sa jeunesse pourtant menacée par l’épée de Damoclès qu’est la guerre du Vietnam et, plus près de nous, l’élection imminente du 45ème président des Etats-Unis.

Via le portrait des quatre Mousquetaires, comme ils s’appelaient, Richard Russo, avec son talent de conteur et en bon connaisseur de la nature humaine, nous parle de l’innocence perdue et des affres de la vieillesse qui déforme, par l’altération de la mémoire, la réalité vécue de la jeunesse.

Un joli roman triste et nostalgique.

EXTRAITS

  • Les choses qu’on ne peut pas se permettre de perdre sont celles que le monde vous vole.
  • L’ignorance est synonyme de bonheur.

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