Critique – Retour de service – John Le Carré – Seuil

Critique – Retour de service – John Le Carré – Seuil


« Depuis vingt-cinq ans, je suis un membre actif du Secret Intelligence Service britannique. Pour les initiés, le Bureau » confie Nat le narrateur.

La quarantaine bien tassée, l’espion de Sa Majesté a des perspectives de carrière bien peu palpitantes. La preuve, il est affecté au Refuge, « station annexe moribonde » placée « sous l’égide du Central Londres qui sert de dépotoir pour les transfuges sans valeur qu’on a réinsérés et les informateurs de cinquième zone qui partent en vrille ». Cette mise au placard ne l’empêche pas de pratiquer son sport favori, le badminton, en compagnie d’un certain Ed, un jeune homme impétueux et un europhile convaincu

qui crache sur Trump, Poutine et le Brexit.

Si la guerre froide a vécu, les services secrets sont toujours bien occupés par les nouvelles problématiques géopolitiques. Mais, entre obéissance à un gouvernement déliquescent, convictions personnelles, ambitions personnelles et concurrence entre les services, le MI6 est un vaste foutoir que Le Carré croque avec ironie ainsi que les complots et les fake news qui minent la démocratie et se moquent de l’intérêt général.

Arrivé au Refuge, Nat découvre son adjointe, Florence, une jeune femme ambitieuse et préoccupée par la défense de sa patrie alors que tout le monde semble s’en fiche. Il la présente à son ami Ed. On imagine la suite…

Tout en dézinguant avec une bonne dose d’humour et beaucoup d’intelligence le fonctionnement opaque de nos gouvernements, celui qui fut au service du renseignement britannique dans les années 1950 et 1960 fait l’apologie des valeurs morales dans un monde cynique qui en est souvent dépourvu. Et parmi elles, il place la fidélité en amitié au-dessus de tout. Surtout de sa patrie qui ne mérite pas qu’on la défende tellement elle est corrompue et indigne.

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