Critique – Les secrets de ma mère – Jessie Burton – Gallimard
« Elle avait une beauté naturelle. (…) Malgré les regards scrutateurs, elle s’était toujours sentie invisible, jusqu’à ce que Constance Holden pose les yeux sur elle ». C’est dans un parc de Londres que Elise et Connie se rencontrent au tout début des années 1980.
C’est le coup de foudre entre les deux femmes. Alors que la première, tout juste vingt ans et orpheline de mère, se cherche encore, sa compagne, la trentaine bien avancée, est une auteure à succès dont un roman doit être adapté au cinéma. Connie embarque sa maîtresse à Los Angeles où doit être tourné le film. Alors qu’elle nage comme un poisson dans l’eau dans ce milieu où dominent l’apparence, les faux-semblants et les relations superficielles, Elise souffre le martyre, rongée par la jalousie, par la frustration, par son insignifiance et son statut subalterne de « petite amie » de la grande écrivaine dont elle a envie, peut-être, qu’elle comble le manque d’une mère.
En 2017 à Londres, Rose recherche celle qui l’a fait naître. Son père Matt ne lui en a en effet presque rien dit. Jusqu’au jour où il lui offre deux livres, « Coeur de cire » et « Lapin vert », écrits par une certaine Constance Holden. La fille abandonnée va-t-elle découvrir la vérité sur ses origines ?
Avec une grande finesse psychologique, usant d’une construction narrative élaborée et d’une écriture élégante et pleine de charme, Jessie Burton, via ses portraits de femmes, nous parle de la quête d’identité, de la difficulté à se réaliser, de l’aspiration vaine à la liberté, des amours malheureuses, de l’incompréhension entre les deux sexes, de la maternité à laquelle devraient être assignées toutes les femmes, des rêves qui ne s’accomplissent jamais mais aussi de la solitude et des regrets qu’une Connie vieillissante, en dépit de son charisme, de son magnétisme et de son assurance, incarne parfaitement. C’est à mon sens le personnage le plus intéressant de ce roman.
EXTRAIT
Leur couple se résumait désormais à se venir en aide mutuellement plutôt qu’à se mériter l’un l’autre.
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