Critique – Ce genre de petites choses – Claire Keegan – Sabine Wespieser

Critique – Ce genre de petites choses – Claire Keegan – Sabine Wespieser


Les couvents de la Madeleine sont des institutions catholiques qui « accueillaient » des filles et des femmes, dont certaines étaient enceintes, rejetées par la société parce qu’elles étaient soi-disant de mœurs légères.

Elles travaillaient dans les blanchisseries des établissements où elles étaient exploitées, malnutries, battues… Elles furent nombreuses à mourir prématurément ainsi que leurs bébés.

Par le biais de la fiction, c’est le destin de l’une d’entre elles que nous raconte Claire Keegan.

L’intrigue se déroule à New Ross, l’une des dix villes irlandaises où se trouvait un couvent. En cet hiver glacial de l’année 1985, Bill Furlong, propriétaire d’un dépôt de bois et de charbon, ne chôme pas.

« Furlong était parti de rien » écrit Claire Keegan. Sa mère lui donna naissance alors qu’elle n’avait que 16 ans. Au lieu de la renvoyer, Mrs Wilson, chez laquelle elle était domestique, « lui dit qu’elle devait rester ». Elle participa même à l’éducation de l’enfant. La vingtaine venue, ce dernier épousa Eileen avec laquelle il eut cinq filles.

Père, mari et patron comblé, Bill ressent néanmoins un manque et s’indigne de la pauvreté qui l’entoure. Lui qui s’est hissé du statut d’orphelin de père à celui de chef d’une entreprise florissante. L’aide qu’il a reçue lorsqu’il était plus jeune, il aimerait la rendre.

C’est la découverte d’une résidente du couvent qui lui en donnera l’occasion.

A la manière d’un conte de Noël, Claire Keegan décrit le cheminement d’un homme ordinaire qui a « le courage de s’opposer aux usages établis » et à l’hypocrisie de la majorité des catholiques qui renient les préceptes du Christ au nom de la bien-pensance.

Comme le rappelle l’auteure, « la dernière blanchisserie (…) a été fermée en 1996 » et « il a fallu attendre 2013 pour que le gouvernement irlandais (…) présente des excuses ». Terrifiant.

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